C’est vrai : le cancer et ses traitements peuvent occasionner des douleurs, mais elles peuvent aussi être efficacement soulagées. Autrefois considérées comme une fatalité, elles sont devenues un élément de premier plan de la prise en charge du cancer pour le bien-être et la qualité de vie des patients.
Des professionnels spécialisés dans ce domaine peuvent désormais mettre leur expertise, les progrès importants dans les médicaments antalgiques et l’élargissement à des alternatives innovantes au service d’une approche personnalisée et pluridisciplinaire de la douleur de chaque patient. Ce dossier vous permet de mieux comprendre la douleur cancéreuse, de connaître les moyens dont les professionnels disposent pour l’évaluer et la traiter, les rôles des différents acteurs, mais aussi l’investissement majeur de l’Institut Curie dans la prise en charge de de toutes les douleurs associées aux cancers.
LA DOULEUR : QUESTION DE DÉFINITIONS
"J’ai mal." Quelles significations se cachent derrière ce « cri du cœur » et quels sont les mécanismes en jeu dans cette sensation que tout le monde connaît ?
Qu’est-ce que la douleur et à quoi sert-elle ?
La douleur est une sensation subjective et personnelle, donc difficile à qualifier et à quantifier. Selon l’International Association for the Study of Pain (IASP) elle est « une expérience sensorielle ou émotionnelle désagréable, associée à une lésion tissulaire réelle ou potentielle ou décrite dans ces termes ». Cette définition prend en compte :
- la dimension physique, sensorielle de la douleur (ça "tape" ou "ça brûle"),
- sa composante émotionnelle ("c’est désagréable"),
- la possibilité que la douleur existe sans lésion objectivable.
La plupart du temps, la douleur est un signal d’alerte permettant de prendre conscience rapidement d’une anomalie : elle aide ainsi le corps à préserver son intégrité.
Douleur nociceptive, douleur neuropathique
Cette douleur, de loin la plus fréquente, ressemble à celle que l’on éprouve lors d’une fracture ou d’une crise d’appendicite : elle correspond habituellement à l’agression ou la lésion d’un organe ou d’un tissu. Elle active des voies nerveuses sensitives capables de reconnaître la douleur. L’influx est acheminé par les nerfs périphériques jusqu’à la moelle épinière, puis au cortex cérébral. Il est interprété en tant que douleur au niveau des zones appelées "somesthésiques" du cerveau.
Le cerveau n’est pas passif face à la douleur. Une fois que la douleur lui est parvenue (par voie "ascendante") et que la "sonnette d’alarme" a été tirée, le cerveau va faire l’effort de la contrôler (par voie "descendante") de différentes manières pour la limiter. Il active les réflexes -on se frotte le genou après s’être cogné, on retire sa main d’une tasse brûlante - et sécrète des molécules antidouleur naturelles, comme des endorphines.
Cette douleur provient du système nerveux lui-même, par exemple par lésion d’un nerf ou compression de la moelle épinière. Elle s’exprime de manière souvent étrange (sensations de picotements, de brûlure, d’électricité…) et peut apparaître plusieurs jours ou semaines après le traumatisme. Alors qu’une douleur nociceptive dont la cause a disparu ou a été traitée cesse, la douleur neuropathique est susceptible de persister.
Douleur aiguë, douleur chronique
Dossier réalisé par Emmanuelle Manck