[ Publié le 18 avril 2012 ]
L’essentiel du problème va concerner les patientes ayant été traitées pour un cancer du sein. La contraception sera en effet inutile chez une patiente traitée pour un cancer de l’ovaire ou de l’utérus qui aura généralement nécessité une chirurgie suppressive ne permettant plus de grossesse. Ce n’est qu’en cas de cancer de l’ovaire de stade Ia(1), traité par une annexectomie(2) unilatérale, qu’une pilule pourra être utilisée en attendant un désir de grossesse. Quant au cancer du col utérin in situ ou en cas de dysplasies traitées, ce ne sont pas des contre-indications à la pilule.
La contraception après un cancer du sein
La survenue d’une grossesse après un cancer du sein ne modifie pas le pronostic de la maladie. La grossesse sera donc possible, et la contraception doit être parfaitement réversible.
Le choix d’une méthode sera fait avec la patiente, en fonction de son âge, de ses antécédents : nombre d’enfants, antécédents pathologiques dépistant une contre-indication à l’une des méthodes envisagées, des données de son examen clinique, gynécologique et général, des relations du couple et de la fréquence des rapports sexuels. La sexualité est fréquemment perturbée par la maladie, mais souvent de façon temporaire. La prescription contraceptive est donc nécessaire, et constitue souvent un bon moyen pour permettre à la femme d’aborder des problèmes sexuels ou conjugaux. Le choix dépendra également du psychisme de la femme, de ses préférences et de sa capacité à la bonne observance de la contraception.
On dispose actuellement d’un vaste choix de crèmes et d’ovules spermicides, associés ou non à un diaphragme ou d’éponges imprégnées de crème. S’y ajoutent les préservatifs masculins et même les préservatifs féminins. Ces méthodes sont théoriquement séduisantes chez les femmes atteintes d’un cancer du sein, car totalement inoffensives et sans aucune interaction avec la maladie ni avec son traitement. Leurs inconvénients sont réels : l’astreinte d’utilisation est parfois mal acceptée par les femmes ; l’efficacité n’est pas suffisante, en particulier dans ce contexte ; elles sont souvent onéreuses et non remboursées par la Sécurité sociale. On les choisira à condition de bien en expliquer l’utilisation (utilisation systématique, règles d’hygiène...), si la femme les réclame, si les rapports sexuels sont peu fréquents, si la femme a plus de 40 ans et surtout si les autres méthodes sont contre-indiquées.
- Dispositif Intra-Utérin :
Les dispositifs intra-utérins en cuivre sont, à notre avis, la contraception en règle la plus adaptée aux femmes atteintes d’un cancer du sein. Leur utilisation est en effet facile et généralement bien tolérée, sans répercussion sur le cycle hormonal pour les D.I.U. au cuivre et sans interaction avec les traitements proposés.
Concernant le cancer du sein, il est plus prudent d’éviter le DIU au lévonorgestrel, même si nous n’avons aucune donnée de certitude sur le sujet. C’est donc le principe de précaution qui nous fera ne pas poser de DIU au levonorgestrel après un cancer du sein, en raison de son caractère hormonal.
- Contraception hormonale :
Elle reste contre-indiquée après un cancer du sein, même si la preuve de sa nocivité n’a jamais été démontrée.
- Stérilisation, encore appelée contraception définitive
La contraception définitive peut être envisagée chez une patiente ayant eu un cancer du sein comme chez les autres femmes. Une période de réflexion est conseillée et on choisira actuellement de manière préférentielle la méthode Essure®.
En conclusion
La contraception chez les femmes atteintes d’un cancer du sein est toujours nécessaire et doit être réversible, car actuellement la grossesse n’est pas contre-indiquée après avoir eu un cancer du sein. En effet, toutes les études montrent qu’elle n’augmente pas le risque, voire qu’elle le diminue. On préférera conseiller d’attendre 3 ans après la fin des traitements pour laisser passer le pic des rechutes précoces qui surviennent dans ces trois premières années. Pour les cancers du sein de bon pronostic, aucun délai n’est justifié.
À l’heure actuelle, les répercussions exactes de la contraception hormonale sur le cancer du sein restent mal connues. On préférera donc une contraception mécanique : D.I.U. au cuivre en l’absence de contre-indications, ou les contraceptifs locaux en prenant le temps d’en expliquer l’utilisation qui doit être parfaite pour une efficacité acceptable.