Une analyse des recherches récentes confirme la forte présomption d'un impact des pesticides sur la hausse de certains cancers.
L'Inserm vient de rendre public un rapport relatif à l'impact sanitaire des pesticides, réalisé à la demande de la Direction générale de la santé.
Ce rapport s'appuie sur le travail d'un groupe d'experts en épidémiologie et de biologistes spécialistes de la toxicologie cellulaire, qui ont compilé les travaux publiés ces trente dernières années dans le domaine.
Parmi eux, un certain nombre a été soutenu par la Fondation ARC pour leurs travaux sur les liens entre cancers et environnement : le Dr Isabelle Baldi (université Bordeaux Segalen), pour ses recherches sur les tumeurscérébrales, Xavier Coumoul (université Paris-Descartes), spécialiste des dioxines, le Dr Pierre Lebailly (Centre François Baclesse de Caen), qui a mené un important travail de suivi des populations agricoles, et le Dr Luc Multigner (université de Rennes) pour ses travaux sur le cancer de la prostate en Guadeloupe.
L'étude s'est intéressée à huit localisations cancéreuses (lymphomesnon hodgkiniens, leucémies, myélomes multiples, maladie de Hodgkin, cancer de la prostate, cancer du testicule, mélanomes malins et tumeurscérébrales), ainsi qu'à trois pathologies neurodégénératives, dont les maladies d’Alzheimer et de Parkinson, et aux troubles cognitifs.
Les experts ont également évalué l'impact d’une exposition aux pesticides sur la grossesse, le développement de l’enfant et l'apparition de certains cancers pédiatriques.
Pour les experts de l'Inserm, il existe une présomption forte d'un lien entre l'exposition aux pesticides et les lymphomes non hodgkiniens pour les populations professionnelles du secteur agricole, de même que pour les myélomes multiples.
Le lien avec les leucémies ne peut être écarté, mais les preuves sont moins concluantes selon les critères définis par les chercheurs.
Concernant le cancer de la prostate, le risque apparaît plus élevé chez les agriculteurs, les ouvriers d’usines de production de pesticides et les populations rurales (avec une hausse entre 7 et 28 % selon les situations), selon les résultats de plusieurs études citées par le rapport.
Pour certains pesticides, un excès de risque est observé uniquement chez les agriculteurs ayant des antécédents familiaux de cancer de la prostate.
Le risque de certains cancers de l'enfant (leucémies et tumeurs cérébrales) semble également plus élevé en cas d'exposition aux pesticides pendant la grossesse.
Enfin, le rapport pointe une présomption forte de lien entre pesticides et maladie de Parkinson.
Au-delà de l'analyse des travaux existants, le rapport de l'Inserm dresse plusieurs recommandations. Parmi elles, il convient d'améliorer le recueil de données sur l'utilisation des pesticides, l'exposition des populations agricoles tout au long de la vie, et les sources d'exposition de la population générale.
Les travaux devront également se porter sur les mécanismes biologiques expliquant le lien entre exposition et pathologies afin de confirmer ces observations.
Enfin, « le groupe d’experts recommande de favoriser, à travers les cohortes mère-enfant avec inclusion pendant la grossesse et suivi longitudinal du développement de l’enfant, l’évaluation des effets des pesticides, qu’il s’agisse de substances actives autorisées ou de substances interdites mais persistantes, en particulier sur le neurodéveloppement, le métabolisme, le système reproducteur, ainsi que des études spécifiques sur les cancers de l’enfant.
Le groupe d’experts recommande une vigilance toute particulière, tant en milieu professionnel qu’en population générale, sur l’exposition aux pesticides pendant la grossesse et une sensibilisation des médecins sur les conséquences possibles d’une exposition aux pesticides pendant la grossesse en vue d’informer. »
Les pesticides en France D'après le recensement effectué par le rapport, 309 molécules phytopharmaceutiques (herbicides, insecticides, fongicides, etc.) sont autorisées en 2012. Elles représentent chaque année un peu moins de 80 000 tonnes, utilisées principalement pour quatre cultures (céréales à paille, maïs, colza et vigne). L'exposition aux pesticides concerne ainsi en premier lieu les agriculteurs, les personnes impliquées dans la fabrication et le transport, mais aussi la population générale via « le contact de surfaces contaminées ou la consommation des eaux et denrées alimentaires ». |
G.F.
Source : Pesticides - Effets sur la santé, Inserm, juin 2013.
Crédit Photo : IStockPhoto
Dernière mise à jour : 14-06-2013
Article provenant du Site de l'Arc
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